Une vie de chien………
Tu demandes : tu n’auras pas ! tu ne mérites pas, au contraire cela va permettre de montrer que tu ne le mérites pas !
Tu ne demandes pas : tant mieux, tu n’auras rien et tu ne mérites rien… Il faut apprendre !
J’ai l’impression d’être un chien* qui attend désespérément son morceau de sucre* qu’il voit sur la table.
S’il demande le morceau : on lui dit non, voir il se prend une claque
S’il veut le prendre sans demander : il se prend une claque
S’il attend, avec envie sans rien dire : cela fait plaisir ! bon chien, bien éduqué : on laisse le morceau de sucre car c’est marrant et cela permet de montrer à tout le monde que l’on sait éduquer son chien….
En conclusion : quoi qu’il arrive, le chien reste sur son envie……Mais cela permet au Maître de s’assurer du regard mielleux de son chien, l’espérance du chien qui salive, donne une place de Maître au Maître….
Ce qui est dur pour le chien, c’est de voir de temps à autre d’autres chiens dont son Maître n’a pas le devoir d’éducation : il laisse faire les autres chiens, il va peut-être même jusqu’à donner le morceau de sucre aux autres, histoire d’en profiter pour regarder avec des gros yeux SON chien et lui rappeler que ce n’est pas bon pour lui. Mais, les autres chiens, le Maître ne vit pas avec……et puis le Maître n’a pas à supporter les poils* de chien des autres…
Certaines fois, le chien va jusqu’à la punition tellement il en a marre de saliver…et il arrive à obtenir ce morceau de sucre. M ais la punition est à chaque fois plus dure, car le Maître doit faire comprendre au chine qu’il doit obéir. Alors, le chien essaie de demander de plus en plus timidement, sachant bien qu’il ne doit pas. Le Maître le lui rappelle d’ailleurs. Et n’hésite pas à lui montrer qu’il est mauvais et nul de ne pas comprendre !
Et le morceau de sucre reste toujours là, c’est la règle du Maître, il faut résister aux plaisirs. Le chien essaie de s’en éloigner, de ne pas trop passer devant, de voir plus loin, mais s’il veut des caresses, il faut venir à côté du morceau de sucre. Quand le Maître s’assied et a enfin un peu de temps pour faire des caresses*, il est devant le morceau de sucre. S’il voit le chien saliver, ou remuer la queue*, il se fâche…Pas de caresses ! et puis le Maître s’assied pour réfléchir à tous ses problèmes, il n’a pas le temps ni l’envie de caresser ce chien qui ne l’aidera en rien. Au contraire, le caresser risquerait de mettre des poils par terre : le Maître a déjà assez de choses à faire, il ne va tout de même pas ajouter ce qu’il déteste (des poils par terre…)
A la longue, le chien ne vient plus chercher de caresses. Ne demande plus, ne cherche plus à prendre ce morceau de sucre. Il arrive même à passer à côté sans saliver ! il essaie encore quelques temps à avoir des caresses en se contentant de regarder son Maître, loin du morceau de sucre, Mais, ce n’est jamais le lieu, le moment……..le Maître a autre chose à faire, ce n’est pas le bon instant, le Maître n’a pas le temps…..le Maître donne déjà suffisamment de temps à son chien puisqu’il le promène de temps à autre, nettoie ses poils… Le Maître a même construit une superbe niche pour son chien, et le chien salit tout quand il y va, la niche n’est déjà plus aussi belle….le chien le sait…..parfois il se permet même de salir un peu plus, puisque de toutes les façons il se fera réprimander !
Et le chien comprenant bien, malgré tout, les attentes de son Maître, il devient sage, il obéit, ne salive plus, ne demande rien. Mais malheureusement, le chien perd encore ses poils, il salit encore la maison quand il revient d’une sortie inespérée avec son Maître. Le Maître n’hésite pas à le lui dire : il gêne….Ou plutôt, le Maître passe son temps à faire des choses pour le chien…..il a un chien qu’il ne voulait pas vraiment. Le chien dérange mais il est là.
POURQUOI ? le Maître n’a rien contre les chiens, mais le sien n’est pas comme il devrait être.
Le chien pense que son Maître est bon malgré tout, c’est vrai que ce chien a des poils longs et que cela est plus gênant que les poils ras ? c’est vrai qu’il est grand et plus encombrant qu’un petit chien……..mais qu’y faire ? le chien a juste regardé plus intensément son Maître quand celui ci l’a choisi. Le Maître l’a pris, mais ne voulait pas vraiment finalement, le prendre. Il ne savait pas, leurs chemins se sont croisés, et ce chien était pas mal, il faisait l’affaire…..il suffisait de le dresser pour qu’il soit comme le Maître voulait.
Le chien a appris à penser à la promenade* plutôt que de voir le morceau de sucre. Parfois au retour de promenade, pour éviter de se faire « engueuler » pour les traces qu’il laisse sur le sol, il va directement au morceau de sucre : le Maître « gueule », le chien le sait, mais au moins le Maître ne gâche pas le plaisir de cette promenade, le Maître se concentre sur son morceau de sucre en premier et en oublie les traces laissées sur le sol.
Le chien se demande……il aime les caresses, mais il n’en n’a pas, de sa faute, car il ne vient plus au pieds du Maître. Il aime les promenades, mais il y va de moins en moins de bon cœur car il sait qu’au retour, on lui reprochera d’avoir sali……….(parfois même pendant la promenade, il ne marche pas là où il faut, il remue trop la queue….) et pourtant, il sait que c’est vrai, que le Maître prend du temps pour le chien ! que ce temps, c’est pour que le chien soit bien, mais le chien n’est jamais vraiment bien. Il est toujours un peu en attente, en attente de la réprimande ? sauf quand il y a d’autres personnes, le Maître est apprécié car il sait y faire, il a l’art de faire tout tourner autour de lui, quoi qu’il arrive. Tout semble être facile à ses côtés, reposant, agréable pour les autres, le chien le sent, il le sait, c’est vrai que c’est bien, c’est donc lui, le chien, qui n’est pas comme il faut. Quand il y a du monde, le chien sait ce qu’il faut faire pour bien faire et pour que son Maître soit complimenté. Quand le Maître est complimenté, le chien est content. Quelquefois même, dans ce cas, devant les autres, le Maître donne au chien une petite caresse……
Et voilà comment un chien peut vivre ! et rester aux pieds de son Maître, avec quelque part le regret d’avoir des poils longs, d’être grand, de remuer la queue quand il est heureux…..
L’âge aidant, le chien arrive même à se coucher au pied du morceau de sucre sans rien dire, sans saliver. En fait, il ne sait plus vraiment ce qui peut le faire saliver. Et le Maître ne dit plus rien, ils ont réussi ????? Le chien vit à côté du Maître, il sait quand le Maître sera fâché (les poils….) il attend sagement les diverses réprimandes, puisque de toutes façons rien ne pourra y faire. Seulement, maintenant il n’y a plus que cela. C’est le seul lien qu’ils ont encore ensemble, et le chien n’attend plus rien d’autre. Il se tait, écoute mais ne dit plus rien, il sait ce qu’il a à faire, mais pour ne pas aboyer, gêner, le mieux est de se taire, de ne pas répondre, de ne pas demander, de ne pas attendre, de laisser le Maître qui se fâche moins, puisque le chien ne salive plus, il est juste présent, il écoute mais n’aboie plus. Malheureusement, il perd encore ses poils…..Même un regard du chien vers son Maître n’est pas à recommander : le Maître connaît bien son chien et pourrait y voir une marque de sensibilité : le chien ne doit pas exposer ainsi ses désirs, il doit apprendre à n’avoir besoin de rien, mais le chien sait que son regard est trop expressif, cela pourrait fâcher son Maître, il pourrait y voir une marque de mauvaise éducation. Ce chien qui a tout et qui pourrait faire passer par le regard un manque…… cela ne serait qu’une preuve supplémentaire pour le Maître de non-reconnaissance du chien pour tout ce qu’il a et tout ce que le Maître a fait pour lui. Malheureusement, le chien a du mal à ne pas remuer la queue….
En plus, le chien a toujours eu une belle vie, alors il faut lui faire comprendre que la vie est trop belle pour lui et lui compliquer un peu…
Le chien a de bonnes origines, il a débuté sa vie dans un élevage particulièrement « protégé », il a été bichonné (trop gâté ?), il en est d’autant plus détestable de perdre autant de poils ! et d’oser saliver ! les chiens moins racés sont plus propres ! et savent mieux se tenir devant un morceau de sucre……. Ils ne remuent pas la queue au moindre petit plaisir !
Le Maître a bien du mal à lui faire admettre qu’il doit être à la hauteur d’un chien, ce chien, son chien, n’a aucune utilité, ce n’est pas un chien de garde, pas un chien de traîneau……..il ne sert à rien !
En plus, sa race est appréciée, il a pu se reproduire et faire de merveilleux petits chiots, qui commencent parfois à être gênant…….. ils perdent des poils ! malgré le croisement avec un Maître bien plus rigoureux, plus travailleur….Les petits chiots osent saliver de temps à autres, et ils demandent comme si ils n’avaient pas déjà tout !
Mais il est vrai que leur mère n’est pas à la hauteur, alors, les chiots prennent de mauvaises habitudes….et les voilà parfois, ces quatre chiens, entrain de remuer la queue ! ils prennent le temps de se faire plaisir : et surtout ils exposent un tempérament qui n’est pas à la hauteur du Maître.
Le Maître est pourtant très attentif pour ses chiots ; il les amène à de nombreuses compétitions d’élevage et est fier de leur côté racé. Mais il faut leur donner un exemple autre que celui de leur mère, il faut leur expliquer que ce que fait leur mère n’est pas bien. Leur mère n’a d’ailleurs jamais pensé à autre chose qu’aux promenades et se coucher à côté d’un morceau de sucre en aboyant et salivant, puis maintenant sans rien dire…… mais en remuant sans cesse la queue à la moindre sollicitation que lui offre ses rencontres diverses ou ses promenades.
Les chiots admirent leur Maître, leur mère leurs a toujours dit qu’il faisait beaucoup de choses pour eux.
Mais il ne faut jamais saliver, ni aboyer devant le morceau de sucre…Il faut rester le plus droit possible et empêcher ce muscle de la queue de vibrer.
Le chien décida un jour de partir, le morceau de sucre cela faisait bien longtemps qu’il ne salivait plus dessus, au contraire, il n’imaginait même plus qu’il puisse avoir un saveur agréable……juste un arrière goût amer, de souvenirs : c’était là qu’il pouvait avoir des caresses, avant, quand le Maître n’avait pas son statut de MAÎTRE CHIEN, puis de GRAND MAÎTRE CHIEN ……..
Le chien va partir ? il part… : le grand Maître chien montrera à tous qu’i n’y avait rien à faire avec celui-ci, il était trop rebelle, un mauvais caractère, mais les chiots feront ce qu’il faut EUX, car il faut que le Maître obtienne le diplôme de MASTER MAÎTRE CHIEN………. Et le Maïtre fera tout pour eux… Du moment qu’ils ne salivent pas devant le morceau de sucre, qu’ils ne perdent pas de poils, qu’ils ne remuent pas la queue…….
*pour plus de simplicité et parce que je n’aimais pas le terme de chienne (trop péjoratif), « chien » remplace « chienne »
dans le rôle du chien : moi, qui ne sait pas exprimer oralement ses sentiments
dans le rôle du Maître : le Fion, qui est persuadé d’être responsable de tous les problèmes… qui encaisse….(apparition brève pour la reproduction de l’élevage d’une race non déviante, caractérisée par son contrôle)
dans le rôle des chiots : A , C , M
dans le rôle du morceau de sucre : la tendresse, l’amour, tout ce qui chatouille les papilles,
dans le rôle de la promenade : les projets de toutes sortes pour oublier le présent « aller de l’avant » accepter que le présent ne fixe pas le futurs
dans le rôle des caresses : le couple, la communication, la douceur de se sentir contre quelqu’un
dans le rôle de la queue : le plaisir, la joie, l’espoir
dans le rôle des aboiements : les hurlements, les manifestations violentes de l’angoisse, les émotions qui sortent faute de savoir les exprimer, la confrontation avec le présent ??
dans le rôle des poils : tout ce qui dérange
dans le rôle de la salive : les envies diverses qu’un chien ne peut pas contrôler
Le 30 Novembre 2006
Ce texte que j’ai écrit, a été lu par mon FION,
Le 2 décembre 2006 j’ai eu mon premier chien : petit, à poil ras…